La jachère, quel processus créatif !

Dans le monde rural, la jachère est une surface agricole laissée au repos pendant une période prolongée (six mois ou une année) pour que le sol se repose et se reconstitue. Ses intérêts sont nombreux. Voyage So-Leader Jun 12, 2021

D’abord, elle restaure la fertilité des terres par l’accroissement de la teneur en matière organique, et améliore la structure du sol et permet de lutter contre leur érosion. La jachère est un cas concret de valorisation de la biodiversité comme moyen de lutte contre des parasites pathogènes des cultures en réduisant l’utilisation de pesticides. A ce stade, les abonnés de So-Leader, passionnés de voyage et de philanthropie, se demandent ce que vient faire cette métaphore agricole dans une newsletter centrée sur l’envie et le sens du voyage. A y regarder de plus près, l’image nous semble particulièrement évocatrice. Car la pandémie a mis le monde du voyage au repos pendant une période prolongée (dix-huit mois à peine interrompus), laissant nombre d’espaces maritimes et terrestres et humains en jachère. De cette expérience, tirons le meilleur. Car une telle « vacance » n’est pas sans intérêts. D’une part elle aiguise l’envie de retrouver ces destinations soudain rendues inaccessibles, elle attise le désir de rencontrer et de renouer avec des gens à l’autre bout de la terre. D'autre part, elle force autant qu’elle permet aux professionnels du voyage, de l’hébergement et de la restauration, de reconsidérer leur approche du métier, repenser leurs stratégies, le sens de leur service qui est souvent une vocation. Tous ont pu enfin trouver le temps de rénover leur cadre d’accueil, réfléchir à de nouveaux partenariats, sans avoir « le nez dans le guidon ». Arrêtons ici la comparaison. Car contrairement à la jachère agricole, celle de la pandémie s’est accompagnée de biens des désespoirs : la perte d’êtres chers, la mise en péril et parfois l’anéantissement de vies de travail et la fragilisation durable d’écosystèmes. Elle a néanmoins permis l’émergence d’une nouvelle biodiversité touristique comme moyen de lutte contre l’hégémonie des parasites industriels en réduisant leurs effets néfastes sur l’environnement. Voyez-vous maintenant où nous voulions en venir ? Ces dix-huit mois auront-ils été suffisants pour se rappeler que depuis 2011 un Code Mondial d’Éthique du Tourisme constitue le cadre de référence d’un développement rationnel et durable de notre écosystème touristique ? S’inspirant de nombreux codes professionnels et déclarations analogues, il y ajoute de nouvelles idées, reflets de notre société en mutation en fin de XXe siècle. Vous le voyez, la prise de conscience est bien antérieure à la pandémie. Il devenait nécessaire de réduire au minimum les effets négatifs du tourisme sur l'environnement et le patrimoine culturel et, en même temps, d'en maximiser les avantages pour les habitants des destinations touristiques. Ce sont ces principes qui ont fondé notre démarche. La pandémie n’a fait que renforcer notre détermination, comme elle montre à tous l’ampleur de la tâche. Aussi réaffirmons-nous les principes suivants du Code Mondial d’Éthique du Tourisme , auxquels nous adhérons totalement : 1. La compréhension et la promotion des valeurs éthiques communes à l'humanité, dans un esprit de tolérance et de respect de la diversité des croyances religieuses, philosophiques et morales, sont à la fois le fondement et la conséquence d'un tourisme responsable ; les acteurs du développement touristique et les touristes eux-mêmes se doivent de porter attention aux traditions ou pratiques sociales et culturelles de tous les peuples, et de reconnaître leur richesse. 2. Les activités touristiques doivent être conduites en harmonie avec les spécificités et traditions des régions et pays d'accueil, et dans l'observation de leurs lois, us et coutumes. 3. Les communautés d'accueil, d'une part, et les acteurs professionnels locaux, d'autre part, doivent apprendre à connaître et à respecter les touristes qui les visitent, et à s'informer sur leurs modes de vie, leurs goûts et leurs attentes ; l'éducation et la formation qui sont délivrées aux professionnels contribuent à un accueil hospitalier. 4. Les autorités publiques ont pour mission d'assurer la protection des touristes et visiteurs, de leur personne comme de leurs biens ; elles doivent porter une attention spéciale à la sécurité des touristes étrangers, en raison de la vulnérabilité particulière qui peut être la leur ; elles facilitent la mise en place de moyens d'information, de prévention, de protection, d'assurance et d'assistance spécifiques, correspondants à leurs besoins ; les attentats, agressions, enlèvements ou menaces visant les touristes ou les travailleurs de l'industrie touristique, de même que les destructions volontaires d'installations touristiques ou d'éléments du patrimoine culturel ou naturel, doivent être sévèrement condamnés et réprimés conformément aux législations en vigueur. 5. Les touristes et visiteurs doivent se garder, à l'occasion de leurs déplacements, de tout acte criminel ou considéré comme délictueux au regard des lois du pays visité, et de tout comportement ressenti comme choquant ou blessant par les populations locales, ou encore susceptible de porter atteinte à l'environnement local ; ils s'abstiennent de tout trafic, de drogue, d'armes, d'antiquités, d'espèces protégées, ainsi que de produits et substances dangereux ou prohibés par les réglementations nationales. 6. Les touristes et visiteurs ont la responsabilité de chercher à s'informer, avant même leur départ, sur les caractéristiques des pays qu'ils s'apprêtent à visiter ; ils doivent avoir conscience des risques en matière de santé et de sécurité inhérents à tout déplacement hors de leur environnement habituel, et se comporter de manière à minimiser ces risques. Nous avions déjà pris ces engagements. Nous avons voulu vous en informer. Comme la jachère, nos activités n’ont été interrompues qu’en surface. En réalité, cette période s’est traduite pour So-Leader par un moment de travail intensif de notre terre. Sous le repos des labours, notre offre s’est enrichie. De nouveaux partenaires caritatifs nous ont rejoints, validant notre modèle par leur engagement à nos côtés, de même que nous avons porté à 65 le nombre de destinations proposées par les Producteurs Associées au sein de notre Coopérative. Le temps de semailles est enfin revenu. Il nous reste à « moissonner » ces nouvelles opportunités.