top of page

Cocher des cases... sans cacher des causes ?

Les mandarins autoproclamés du tourisme durable pensent qu’une destination qui adopterait des pratiques touristiques responsables pourrait ainsi constituer son argument commercial ultime afin d’attirer, convertir ou fidéliser une clientèle.

Même à s’auto-inculquer ces pratiques, et devenir durable pour les années à venir, il lui faudrait néanmoins rivaliser avec le reste de la planète en ce qui concerne les moyens d’accès, les infrastructures d’hébergement, le potentiel culturel ou balnéaire, les conditions sanitaires, le coût de la vie, sans parler de ce que pense l’opinion internationale de son dirigeant et les différentes libertés et droits civiques en vigueur dans le pays.


Suffirait-il simplement de cocher certaines cases pour se revendiquer d’un tourisme responsable ? Voici les prérequis…

Dans la case environnement, il faut se soucier de la protection de la faune, de la flore, lutter contre la déforestation, maintenir des paysages naturels et utiliser de façon réfléchie les ressources naturelles. Il faut aussi gérer les déchets qui contaminent l'écosystème local (tels que les plastiques dans la mer) en privilégiant des principes de « réduction-réutilisation-recyclage »

Dans la case humain–sociétal, Il faut protéger les communautés locales autochtones pour maintenir leur culture, leur langue, leur artisanat. Leur « encadrement » permettra de favoriser et pérenniser leur développement et leur autonomie

Dans la case changement climatique, il va falloir sensibiliser les populations locales et les voyageurs aux impacts du changement climatique sur l'écosystème local, que l’on assortira d’objectifs de réduction ambitieux et de mécanismes de compensation

Dans la case de gestion du surtourisme, Il faut penser à optimiser l'accueil des touristes pour que leur nombre n’altère pas l'environnement physique, social ou culturel de la destination

Et enfin, dans la case santé, Il faut atténuer les risques liés aux pandémies, mettre en œuvre des plans d'action clairement définis en cas d'apparition d'infections et instaurer des processus durables visant à réduire les risques pour la santé des voyageurs et de la population locale

Voilà, avec tout cet inventaire à la Prévert, si ça ne fonctionne pas en termes de développement de la fréquentation, c’est peut-être qu’à vouloir cocher certaines cases, on s’est aussi un peu contraints à cacher certaines causes, non ?(Et pas seulement pour le plaisir, non dissimulé, d’une contrepèterie)

Même si peu de destinations s’adaptent à ces critères qui servent de plus en plus à les évaluer qualitativement, il ne faut pas chercher pour autant à déserter des pays n’ayant pas mis en place de telles pratiques, sans se douter depuis plus de trente ans que ces impacts économiques, sociaux et environnementaux pourraient s’avérer dévastateurs.

L’environnement doit se soucier aussi de la conservation du patrimoine historique et culturel, le recours aux énergies renouvelables, l’agriculture raisonnée etc… Le sociétal doit faire entrer en ligne de compte les droits civiques des minorités ethniques, religieuses, la liberté d’expression, les orientations sexuelles, etc…. Le changement climatique pose un faux problème, car même si la population touristique est, à certaines dates, supérieure à la nation autochtone, on ne peut pas la rendre responsable de tous les maux. Impliquer la santé et l’influence de l’immigration touristique sur les pandémies semble éclipser les cas de turista, dengue et d’hépatite que l’on exporte régulièrement.

Enfin, la notion de surtourisme devient une hérésie totale. On parle de destination au sens large du terme. Qui est responsable si 90% des touristes se concentrent sur 10% d’un territoire ? Si certains clients ont déjà, selon leur expression « fait 15 fois un pays », sans quitter une seule fois leur club all inclusive, alors que des merveilles architecturales, culturelles, des rencontres authentiques, des plats succulents leur tendaient les bras à quelques kilomètres, qui va-t-on blâmer ?

Du vendeur de voyages derrière son comptoir aux Ministres de l’Equipement et du Tourisme, en passant par les Voyagistes, Compagnies Aériennes et autres Offices de Tourisme, qui est responsable ? Qui est complice ? Qui est innocent ?

La part du tourisme au produit intérieur brut (PIB) mondial reste inférieure à 10% ; elle contribue néanmoins à la croissance des pays en voie de développement sans investissements lourds. Tout le monde pousse des cris d’orfraie en voyant débarquer 2500 touristes, alors que le transport de passagers (navires de croisières et ferries) ne représente que 7% de la flotte maritime mondiale.

Laissons aux principaux produits d’exportation (combustibles, produits chimiques et automobile) le soin d’assumer les fautes commises, restons à notre place, donnons le choix à nos clients et proposons-leur de véritables alternatives sur chaque pays, y compris ceux qu’ils croyaient connaître.

Et cessons de battre notre coulpe.

Comments


Formulaire d'abonnement

©2019 par Association Voyage Solidaire. Créé avec Wix.com

bottom of page